Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/266

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qu’il s’est trompé, ou bien qu’on s’est servi de ses citations pour refaire l’original qui n’existait plus.

La réponse de Cicéron ne peut être défendue par une semblable autorité ; les fautes y sont beaucoup plus nombreuses, et les savants s’accordent presque tous à la croire supposée. (Voy. P. Victorius, Var. Lect. XV, 3 ; Muret, Var. Lect. VIII, II ; J. Sichard. in Quint. V, 13 ; Sanchez, Minerve, III, 14, et la note 25 de Périzonius[1] ; Just. Lips., Orat. VII ; Vossius, Instit. orat. Liv. I, pag. 60, et de Vitiis sermonis, III, 6 ; Jo. Reinoldi prælect. XV de libris apocryphis, tom. I, page 167). On doit s’étonner que P. Crinitus ait cité cette réponse comme un témoignage authentique dans sa Vie de Salluste, et qu’il n’en ait point vu les invraisemblances et les anachronismes.

Seb. Corradus (Quæstura, pag. 151 et suiv.) l’attribue au rhéteur M. Porcius Latro, de Cordoue, si célèbre au temps de Sénèque le père (Controvers. I, proæm.), et qu’on regarde aussi comme l’auteur d’une cinquième Catilinaire, jointe à quelques éditions de Salluste. Nicol. Antonio, dans le Livre premier de sa Bibliothèque espagnole, chap. 3, ne laisse rien à désirer sur Porcius Latro, appelé par Quintilien (X, 5) un professeur illustre, clari nominis professor, et dont Pline fait le même éloge (XX, 14), clarus inter magistros dicendi. Il serait difficile de juger de son mérite par ces déclamations, qui sont peut-être de ses élèves.

  1. J. A. Fabricius, Biblioth. latin., I, 9, a tort de dire que Sanchez et Périzonius reconnaissent sans contredit (sine controversia) Salluste pour l’auteur de la déclamation qui porte son nom. L’un et l’autre, dans les passages allégués, affirment précisément le contraire. Le premier, qui nous paraît même beaucoup trop sévère, et qui se trompe tout-à-fait sur la construction de cette phrase du second Discours, chap. 2, credo, quod non omnes tui similes, etc., va jusqu’à dire en parlant de ces deux compositions : Miror non solum Linacrum, sed et Quintilianum, et Vallam, et ceteros, qui has putidas et barbaras oratiunculas, quæ nomine Sallustii et Ciceronis circumferuntur, non viderint ab aliquo sciolo et barbaro esse compositas. Périzonius est plus juste, et il en parle avec moins de mépris.