Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/271

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comme un déshonneur pour votre corps ce qu’un autre estimait un plaisir ? Cette éloquence furieuse dont vous avez pris des leçons auprès de M. Pison, n’a-t-elle pas été le prix de votre infamie ? Faut-il s’étonner si vous vendez aux conditions les plus honteuses un talent dont l’acquisition vous couvre d’opprobre ? Mais c’est peut-être l’éclat des vertus de votre famille qui vous inspire tant d’impudence. Et que voit-on chez vous ? Une épouse sacrilège et parjure ; une fille rivale de sa mère, trop tendrement aimée de vous[1], et plus docile à vos volontés que ne le permet l’amour filial. Cette maison elle-même, achetée par tant de brigandages, funeste à vous et aux vôtres, vous l’avez acquise sans doute pour nous faire comprendre jusqu’à quel point le désordre règne dans l’état, puisqu’on vous voit habiter, homme criminel, dans la maison d’un illustre consulaire, de P. Crassus.

II. Cependant nous entendons Cicéron se vanter d’avoir assisté au conseil des dieux immortels, et d’avoir été envoyé du séjour céleste pour être le conservateur de Rome et des Romains, tandis qu’il n’est qu’un bourreau dont les malheurs de ses concitoyens font toute la gloire. En effet, cette fameuse conjuration n’a-t-elle pas eu pour motif votre consulat ? et la république n’a-t-elle pas été alors sur le penchant de sa ruine, parce que vous en étiez le gardien ? Mais peut-être les temps qui suivirent votre consulat vous sont-ils plus glorieux, lorsque vous sauviez encore la république avec votre femme Térentia : la loi Plautia occupait alors tous vos moments ; vous condamniez chez vous les conjurés, les uns à la mort, les autres à de fortes sommes ; l’un vous servait à bâtir votre maison

  1. Voy. les notes sur les Lettres à Atticus, tome XX, page 327.