Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/273

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de Tusculum ; l’autre, celle de Pompéii ; un troisième, à acheter un palais ; mais celui qui ne pouvait rien faire de semblable était bientôt convaincu de crime : c’était le brigand qui était venu assiéger votre maison, qui avait conspiré contre le sénat ; enfin vous l’aviez découvert. Si ces accusations sont fausses, exposez vos comptes aux regards du public ; voyons quel patrimoine on vous a laissé, combien les procès vous ont valu, sur quels fonds vous avez acheté votre maison, et fourni à cette folle magnificence de Pompéii et de Tusculum. Si vous gardez le silence, faudra-t-il douter que toute cette opulence ne soit cimentée du sang et des larmes de vos compatriotes ? Mais que dis-je ? cet homme nouveau sorti d’Arpinum, allié à la famille de C. Marius, imite son noble courage, méprise la haine des grands, ne chérit que la chose publique ; il est inaccessible aux menaces et à la faveur ; il ne connaît que l’amitié et la vertu. Eh ! que vit-on jamais dans ce parvenu qu’un homme sans caractère, rampant devant ses ennemis, insolent envers ses amis, flottant sans cesse entre tous les partis, et infidèle à tout le monde ; sénateur inconstant, orateur mercenaire, et déshonoré par tous les vices ; parleur frivole, spoliateur avide, gourmand insatiable, lâche toujours prêt à fuir ; homme infâme, dont tout le corps semble dévoué aux plus odieuses turpitudes ?

III. Et cependant, couvert de tant d’opprobres, il ose dire :

O Rome fortunée,
Sous mon consulat née !

Quoi ! sous votre consulat, Cicéron, la république fortunée ? dites plutôt malheureuse, désolée ! N’est-ce pas alors qu’elle a vu une cruelle proscription de ses