Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/285

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n’auraient pu vivre en sûreté dans cette ville ; et combien la république serait en meilleur état, si, complice des citoyens pervers, il eût été alors traité comme eux ! ) : en est-il moins vrai que j’ai eu le droit d’écrire, Que Mars cède a la paix(2), moi qui, sans prendre les armes, sans quitter la toge pacifique, ai triomphé des armes et de la guerre ? et ne pouvais-je dire de Rome sous mon consulat, O Rome fortunée ! moi qui ai prévenu les discordes civiles, en éteignant cette flamme qui allait dévorer nos remparts ? Quoi ! vous ne rougissez pas, homme inconstant et vain, de condamner des actions dont vous me faites un mérite dans vos histoires ? Est-il donc plus honteux, pères conscrits, de mentir en écrivant, qu’en parlant au milieu de cette assemblée ?

III. Quant aux reproches que vous avez faits à ma jeunesse, je suis aussi éloigné de l’impudicité, j’ose le dire, que vous de la chasteté. Mais pourquoi m’étendre sur vos vices ? de quelle imposture rougirez-vous, après avoir eu l’audace de me reprocher mon éloquence comme le fruit du crime ? C’est un secours qui aurait pu vous être utile à toutes les époques de votre vie coupable. Pensez-vous donc qu’un citoyen puisse bien servir sa patrie, s’il n’a été formé par ces travaux et ces études ? connaissez-vous un autre berceau, d’autres épreuves de la vertu, et une nourriture plus féconde pour un esprit qui désire la gloire ? Mais il n’est pas étonnant, pères conscrits, qu’un homme entièrement livré à la débauche et à la mollesse, trouve de la nouveauté et quelque chose d’étrange dans ces nobles occupations. Vous attaquez ensuite, avec une rage insensée, mon épouse et ma fille, qui cependant ont été plus réservées avec les personnes d’un autre sexe,