Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/295

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VII. Mais, dira-t-on, une fois devenu préteur, sa conduite fut sage et irréprochable. Pendant qu’il a gouverné l’Afrique intérieure, les ravages qu’il a exercés dans sa province n’ont-ils pas fait regretter à nos alliés, au sein même de la paix, toutes les horreurs de la guerre ? Il ne s’arrêta dans ses déprédations, que lorsqu’il craignit d’être trompé par ceux qu’il chargeait du transport, ou lorsque les vaisseaux manquèrent à ses rapines ; il pilla enfin, pères conscrits, autant qu’il voulut. Pour se mettre à couvert d’un jugement, il convint de douze cent mille sesterces avec César. Si vous prétendez que quelqu’un de ces détails soit faux, répondez hautement ; dites-nous par quels moyens, vous qui ne pouviez pas même racheter la maison paternelle, enrichi subitement comme dans un songe, vous avez acquis des jardins magnifiques, la maison de Tibur de C. César, et tant d’autres propriétés. Et vous osiez demander pourquoi j’avais acheté la maison de P. Crassus, lorsque vous possédez une ancienne maison de plaisance, dont César naguère était le possesseur ? Dites-nous donc, je vous prie, comment, après avoir, non pas mangé, mais dévoré votre patrimoine, vous êtes devenu tout à coup riche et puissant. Qui voudrait, en effet, vous choisir pour son héritier, vous que personne ne regarde même comme un ami qu’il puisse avouer, à moins qu’il ne vous ressemble ?

VIII. Mais ce sont peut-être les faits éclatants de vos aïeux qui vous enorgueillissent : s’il y a quelque ressemblance entre vous, leur vie ne peut offrir que des exemples de perversité et de crime. Peut-être aussi votre insolence vient-elle des honneurs que vous avez obtenus. Comment, Salluste, croyez-vous qu’il y ait autant de gloire à être fait deux fois sénateur et deux fois