Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/297

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questeur qu’à être deux fois consul et deux fois triomphateur ? Il faut n’avoir à craindre aucun reproche, quand on veut censurer la conduite d’un autre. On n’attaque ses concitoyens que lorsqu’on ne peut entendre des vérités dures d’une bouche étrangère. Mais vous, parasite de toutes les tables, vous que l’on a vu dans le premier âge, femme de tous les maris, puis mari de toutes les femmes, vous êtes la honte de tous les ordres, et le triste monument de la guerre civile. En effet, qu’avons-nous eu à souffrir de plus odieux que votre présence dans cette assemblée ? Cessez d’aiguiser contre les gens de bien votre langue audacieuse ; modérez les transports de cette fièvre de méchanceté ; gardez-vous de juger de chacun de nous d’après votre caractère : ce caractère ne saurait vous procurer un ami ; on croira donc que vous cherchez un ennemi.

C’en est assez, pères conscrits : j’ai remarqué souvent qu’on est bien plus vite fatigué d’entendre ceux qui dévoilent la honte d’autrui, que ceux qui se sont eux-mêmes couverts de honte. Je dois donc avoir égard, non pas à ce que Salluste mérite d’entendre, mais à ce que je puis dire sans me déshonorer.