Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/303

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DISCOURS
DE M. T. CICÉRON,
AU PEUPLE ET AUX CHEVALIERS ROMAINS,
AVANT D’ALLER EN EXIL.


I. Si jamais vous vous êtes montrés jaloux de repousser victorieusement l’attaque de vos ennemis, unissez-vous tous aujourd’hui pour me défendre seul, moi qui, pour éloigner de vous l’instant fatal, et vous dérober à l’incendie qui devait tous vous dévorer, n’ai pas craint d’exposer ma vie (1) et mes plus chers intérêts. Vous le voyez : celui que l’éclat de ses actions et la gloire de son courage ont élevé jusqu’aux cieux, est maintenant accablé sous le poids de la haine, et l’on veut, par un indigne arrêt, le punir de vous avoir servis. Trouvez-vous au fond de votre cœur quelque douce affection pour vos enfants ? eh bien ! ne vous laissez point ravir celui qui vous a prouvé combien vos enfants lui sont chers. C’est le devoir des hommes généreux de semer le bienfait, pour moissonner la reconnaissance. Le caractère propre de la bonne foi est de payer, quand il le faut, cette dette sacrée. Dans celui qui fait le bien, c’est ce noble penchant que l’on approuve ; dans celui qui le reçoit, la mémoire du cœur est la plus belle vertu. Si donc le joug de la servitude est insupportable pour des hommes