Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/325

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XI. Vous aussi, vous dont le pouvoir approche le plus de celui des dieux, je vous prie et je vous conjure de vous réunir tous pour sauver un citoyen qui n’a point rougi de se jeter aux pieds de chacun de vous en particulier, et à qui chacun de vous a présenté une main tutélaire, quoiqu’il fût humilié et terrassé par ses ennemis. Si jamais je n’offensai personne d’entre vous, si je ne persécutai jamais l’innocent ; si au contraire je me suis montré toujours prêt à secourir ceux qui ont réclamé mes services ; si, dans l’exercice de mes fonctions publiques, je n’ai rien fait que par votre autorité et par la volonté du sénat ; si j’ai mieux aimé satisfaire à la haine des mauvais citoyens, que de mériter une juste peine en manquant à la république et aux lois ; songez qu’il est de votre devoir d’arracher votre libérateur à la cruelle vengeance de ses ennemis, et de le rétablir dans la splendeur de son ancienne dignité. Mais puisque l’on nous ôte, à moi la liberté de parler, à vous celle de m’écouter avec indulgence, et de prononcer sur mon sort ; puisqu’il faut obéir à la fureur et à l’audace d’un petit nombre de factieux ; puisque la république, opprimée par la force des armes, tremblante sous le joug d’une crainte servile, n’a pas même le droit de respirer en liberté ; désarmé, je cède à leurs armes criminelles ; innocent, aux menaces des scélérats ; simple particulier, à la fureur d’un tribun. Q. Métellus ne démentit point son courage en cédant aux emportements de L. Saturninus ; C. Cotta, en ne résistant point au tribun du peuple Q. Varius, si inférieur à lui par la naissance ; C. Marius, en se condamnant à l’exil ; Marius, dont Rome peut apprécier les actions par la liberté qu’elle lui doit. Cicéron ne croit pas non plus s’être montré indigne de la majesté du