Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/353

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CONSOLATION.


Quoique les philosophes ne soient pas d’avis que l’on se presse de traiter les maladies de l’âme dans les premiers accès, et qu’il n’y ait guère d’adversités qui doivent être pour nous soudaines et inattendues, ne laissons pas de travailler sérieusement à notre propre guérison, et de chercher à nous soulager dans nos calamités domestiques. Pourquoi ne ferions-nous pas pour nous-mêmes ce que nous avons fait si souvent pour autrui ? Nous avons, à la vérité, supporté avec patience les maux qu’il n’était pris en notre pouvoir d’éviter ou de détourner : s’ensuit-il de là que nous ne devions pas employer notre raison à les rendre plus légers ? et ne convient-il pas d’y travailler avec d’autant plus d’ardeur, qu’une vie exempte d’inquiétudes est incontestablement préférable à celle qui se consume en angoisses et en chagrins ? Notre condition est déjà assez malheureuse, pour ne pas souffrir qu’elle devienne plus malheureuse encore. Mais ensuite, qu’y a-t-il de plus honorable ou de plus utile à un homme qui jouit de la santé du corps, que de se procurer celle de l’esprit ? Si l’esprit a besoin du ministère du corps, le corps a besoin d’être conduit par l’esprit ; et si jamais un corps infirme ne peut obéir comme il faut, jamais un esprit malade ne saura gouverner. Nous devons donc rendre grâces aux sages et savants personnages de la peine qu’ils ont prise de composer des traités entiers dont le but est de nous consoler. Nous en avons plusieurs très beaux et très utiles, écrits dans cette inten-