Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/367

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parer les petits, nous trouverons que cette espèce d’hommes, déjà méprisable par le nom qu’on lui applique, est réellement en proie à tous les maux et à toutes les angoisses de la vie. Elle souffre la disette, la faim, l’opprobre, les injustices, la charge des tributs, les fatigues de la guerre, en un mot toutes les misères : et ce qui achève de l’accabler, c’est que les autres, dans leurs adversités, ont de quoi se consoler ; au lieu que ceux-ci, par une sorte de fatalité, sont placés si bas, qu’assaillis de toutes parts, ils ne peuvent atteindre à quoi que ce soit pour se relever. Et il ne faut pas croire que la classe du milieu n’ait pas sa part aux traverses ; car elle est obligée de plier sous la première, et de compatir au malheur de la troisième, dont elle se ressentirait moins si elle avait autorité sur elle ; mais comme elle n’a l’avantage ni de la dignité ni du pouvoir, elle est contrainte de se renfermer dans la médiocrité de son état. Ainsi elle a bien des fardeaux à supporter, non des plus pesants et des plus rudes, mais qui pourtant la fatiguent, et augmentent pour elle les misères communes. Il est inutile d’en dire plus : tout est sous nos yeux, et nous pouvons juger par nous-mêmes. La condition des femmes est la même : elles ont à souffrir à peu près tout ce que nous souffrons ; elles sont sujettes aux mêmes maladies, aux mêmes passions, aux mêmes erreurs, et en cela elles sont d’autant plus à plaindre, que leur complexion est plus délicate, et moins capable de repousser la douleur ou les chagrins. Elles sont pour le moins aussi sensibles que les hommes à la perte de leurs parents et de leurs proches ; elles ont souvent des maris qui se soucient aussi peu d’elles que de leurs affaires domestiques, et qui par leurs dissipations les réduisent à une pauvreté d’autant plus déplorable, qu’elles n’ont pas les