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Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/481

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qu’il lui a été donné de remplir. Quant à l’âme, comme elle a son principe en Dieu même, le ciel est le centre où elle tend : c’était son premier domicile, elle désire sans cesse de retourner dans ce séjour éternel. S’il est une partie de l’homme qui semble naturellement appelée vers la terre, c’est le corps, puisqu’il est terrestre. L’âme ne doit chercher qu’une demeure, et cette demeure est le ciel, sa véritable patrie. En effet, on ne peut absolument trouver sur la terre l’origine des âmes ; car il n’y a rien dais les âmes qui soit mixte et composé, rien qui paraisse venir de la terre, de l’eau, de l’air, ou du feu. Tous ces éléments n’ont rien qui fasse la mémoire, l’intelligence, la réflexion ; rien qui puisse rappeler le passé, prévoir l’avenir, embrasser le présent. Ces facultés sont divines, et jamais on ne trouvera d’où l’homme les reçoit, à moins que de remonter à un Dieu. Il en résulte que l’âme est d’une nature singulière, toute différente de ces autres natures que nous connaissons et qui tombent sous nos sens. Quelle que soit donc la nature d’un être qui a sentiment, intelligence, volonté, principe de vie, cet être-là est céleste, il est divin, et par conséquent immortel. Dieu lui-même ne se présente à nous que sous cette idée d’un esprit pur, sans mélange, dégagé de toute matière corruptible, qui connaît tout, qui meut tout, et qui a de lui-même un éternel mouvement[1]. Ainsi, nos âmes étant sorties de la Divinité même, elle leur a communiqué l’éternité qui est son partage. On peut encore inférer de leurs pensées et de toutes leurs opérations, qu’elles sont divines et immortelles. En effet, si nous voulons faire attention à la grandeur et à la décoration

  1. Voyez les Tusculanes, I, 27, et la note 30 de l’abbé d’Olivet, tome XXIV, page 140.