Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/487

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de ce feu divin que nous appelons raison, engendre et fortifie tous les vices. Cette opinion n’est pas seulement très plausible ; elle est encore pleine de vérité et de justice. Et de qui doit-on attendre ce qui est juste, si ce n’est de Dieu même ?

L’homme étant le seul, entre tous les êtres animés, qui soit doué de quelque connaissance de la Divinité, il en résulte nécessairement, qu’à moins qu’il n’ait encouru son inimitié et sa colère par les désordres de sa vie, son âme retournera à elle. Ce privilège qu’a l’homme de connaître seul la volonté divine, et d’en être, en quelque sorte, le confident, est une preuve bien sensible et bien forte de son éternité. Faites-le naître dans les lieux les plus sauvages et les plus éloignés de tout commerce, il ne lui faudra point d’autre maître que sa propre nature, pour lui apprendre, et cela sans qu’il en puisse douter, qu’il y a un être divin, et que cet être divin exige de lui un culte et son respect. O merveille capable d’étonner non seulement les hommes, mais tous les êtres vivants ; et, s’il était possible, de les confondre ! L’homme allié à Dieu par sa nature, l’homme qui porte dans son âme la connaissance de Dieu, et qui seul de tous les animaux a reçu cette connaissance en partage, l’homme, en un mot, le seul qui soit doué d’une âme détachée de l’essence divine, pourrait-il être assez aveugle et assez stupide pour rejeter cette alliance, et pour refuser de se réunir à Dieu ? Il ne faut pas croire, en effet, que la mort soit autre chose qu’un acheminement au céleste séjour : et cette opinion n’est pas seulement conforme à la vérité et à la justice, elle se soutient par le consentement unanime et invariable des hommes les plus sages. Que celui qui a pris le parti de vivre de manière à être