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DE LA VIEILLESSE.

et T. Véturius, à la journée des Fourches Caudines. Il nous fut rapporté par notre hôte Néarque de Tarente, qui avait toujours conservé l’amitié du peuple romain, et qui tenait ces paroles de quelques vieillards. Néarque ajoutait que l’Athénien Platon y fut présent ; et je trouve en effet que celui-ci vint à Tarente sous le consulat de L. Camillus et d’Appius Claudius(17). Mais pourquoi tous les détails où je viens d’entrer ? Pour vous faire sentir que si la raison et la sagesse ne peuvent toujours nous garantir des pièges de la volupté, nous avons de grandes actions de grâces à rendre à la vieillesse, qui nous ôte le goût de plaisirs si funestes. En effet, la volupté, ennemie de la raison, corrompt le jugement, offusque les yeux de l’esprit, et ne peut s’allier avec la vertu. C’est bien, en vérité, malgré moi que j’exclus du sénat, sept ans après son consulat, L. Flamininus, frère de l’illustre T. Flamininus ; mais je crus devoir faire un exemple contre l’ivresse des passions. Lorsqu’il était proconsul dans la Gaule, une courtisane, au milieu d’un repas, obtint de lui, par ses prières, qu’il fît devant elle frapper de la hache un criminel condamné à mort. Son délit resta d’abord impuni, parce que Titus, son frère, à qui je succédai immédiatement, était alors censeur ; mais Flaccus et moi nous ne pûmes passer sous silence une faiblesse si honteuse et si dépravée, dont l’ignominie semblait rejaillir jusque sur les faisceaux consulaires.

XIII. J’ai souvent ouï dire à des vieillards, qui dans leur enfance l’avaient appris de ceux de leur temps, que Fabricius avait coutume de raconter, et toujours avec étonnement, que lorsqu’il était ambassadeur auprès de Pyrrhus, le Thessalien Cinéas disait qu’il y avait à Athènes un homme faisant profession de sagesse, qui