Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/509

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pour toujours le temple de la gloire et acquis des louanges immortelles ? On en peut dire autant des autres, qui ont été recommandables par différents genres de mérite, et par leur amour envers les dieux et envers les hommes. On n’a donc pas jugé que des statues scellées en plomb, ou que des couronnes triomphales, sujettes à se sécher, fussent des récompenses assez durables pour les auteurs de ces nobles actions ; on en a cherché de plus brillantes, de plus stables et de plus propres à conserver la mémoire de personnages qui avaient préféré la vertu, l’honnêteté et la gloire à l’oisiveté, aux plaisirs et à leur propre vie. Rien de plus convenable et de plus juste que ces hommages ; mais il n’était pas moins juste d’assigner aux bons des demeures après leur mort, différentes de celles qui sont réservées aux méchants. Les plus sages d’entre les anciens comprirent que la justice étant la qualité par laquelle les dieux se manifestent le plus à nous, et qui éclate surtout dans le soin qu’ils prennent de ce monde, il n’était pas possible qu’ils n’eussent les scélérats en aversion, et qu’ils ne les éloignassent d’eux : ils jugèrent donc qu’il n’était pas seulement raisonnable, mais utile, que cette croyance fût reçue et consacrée comme une vérité, par la raison que, pour peu qu’il y eût de piété ou de religion chez les hommes, ils s’abstiendraient des crimes et des vices, dans la pensée que les impies et les méchants seraient séquestrés de la compagnie des divinités ; car ils n’ont jamais cru que le même chemin conduisît tous les hommes au ciel. Ils ont enseigné expressément que ceux qui étaient souillés de vices et d’actions honteuses étaient jetés dans les ténèbres et croupissaient dans la fange, tandis que les âmes chastes et pures qui avaient gardé leur innocence sans parti-