Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/511

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ciper à la corruption, comme aussi celles qui s’étaient perfectionnées par les arts et l’instruction, s’élevaient d’un vol paisible et facile vers les dieux, et se rejoignaient à une substance d’une même nature qu’elles. S’il en est ainsi, nous devons travailler et faire tous les efforts dont nous sommes capables, pour n’être point séparés de ces intelligences, dont la destinée est de jouir d’un vie bienheureuse et qui n’aura jamais de fin. Quiconque le voudra (et tous ceux qui s’aimeront et qui sauront vivre conformément à leur nature le voudront) ne s’exposera jamais à faire ce qu’il croira être funeste à ses semblables : au moins ne pourra-t-il y être induit par l’espérance, ou que les dieux ignoreront ce qu’il aura fait, puisqu’il n’est pas possible que rien demeure caché à la puissance divine, ou qu’ils approuvent ce que, non seulement eux, mais les hommes même ont en horreur ; car qu’y a-t-il de plus infâme à leurs yeux que la lubricité, de plus odieux que l’avarice, de plus détestable que la cruauté ? Quoique ces vices se rencontrent quelquefois dans les hommes, ils sont cependant aussi contraires à la nature humaine, qu’il lui serait convenable de faire désirer à chacun de nous tous les biens et tous les avantages de ce monde ; et c’est précisément en cela que nous devons mettre un frein à la cupidité qui nous entraîne vers les choses qui sont opposées à la vertu. C’est ce qu’exécutera facilement celui qui pensera sans cesse au succès qu’aura une si glorieuse entreprise ; et cette pensée, qui lui sera toujours présente, est si douce ; qu’il achèvera, sans beaucoup de peine, ce qu’il aura une fois commencé à pratiquer avec ardeur et avec zèle. On en voit la preuve dans les hommes d’une âme élevée, qui sont aiguillonnés par l’amour de la gloire. Soit qu’il faille combattre, soit