Aller au contenu

Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/515

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a été en vigueur, sont si généralement reconnues, qu’on ne saurait douter qu’ils n’aient été déterminés à l’établir par une raison certaine. Je parle de ces Lacédémoniens si illustres et si courageux, qui étaient dans l’usage de déférer les honneurs divins à ceux de leurs citoyens qui mouraient pour la patrie ; je parle d’Athènes, qu’on peut appeler la mère de toutes les sciences et de toutes les sages doctrines : cette ville ne se porta-t-elle pas, du consentement unanime de tous les siens, à déifier son roi Codrus(38), en reconnaissance de sa tendresse pour elle et des services par lesquels il s’était signalé ? Et je n’hésite pas à croire que ces républicains si éclairés n’aient été persuadés avec raison que ces sortes de consécrations étaient un aiguillon pour la vertu, et qu’elles ranimaient le courage et le patriotisme de ceux qui étaient capables de grandes actions ; car la vraie récompense du mérite est la gloire, et c’est la gloire surtout qui peut inspirer aux grands hommes les plus brillantes vertus, les plus nobles dévouements. C’est ce que la Grèce entière, la nourrice et la conservatrice de tous les arts, a si bien reconnu et si longtemps pratiqué. Aussi a-t-elle un grand nombre de dieux qui ne doivent leur apothéose qu’à leur vertu, qui tous avaient commencé par être hommes, et parmi lesquels il en est, de son aveu, quelques nouveaux, et d’autres dont la consécration remonte à plusieurs siècles ; quant au véritable nombre de ces dieux, il faudrait, pour le connaître, avoir étudié profondément leur histoire.

Je ne me suis pas étendu sur ce point, pour critiquer ou donner à entendre que je désapprouve cette multitude de consécrations, comme faites au hasard et sans beaucoup de réflexion, puisque je révère moi-même ces divinités, et que je les tiens en effet pour