Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/527

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périence de qui nous sommes redevables des lois et des établissements qui font la sûreté et l’ornement de notre vie. On ne saurait se tromper en suivant des guides si éclairés ; et, après tout, ce ne sera pas à nous, mais à eux, que l’on demandera compte d’un culte qui paraît si juste et si légitime. Il n’est pas douteux qu’ils n’aient agi avec droit, lorsque, pour reconnaître les services des personnes illustres de l’un et de l’autre sexe, ils ont voulu que leur mémoire fût sainte et vénérable. Et nous, de notre côté, nous serions injustes, si nous laissions tomber dans l’oubli les âmes nobles et généreuses que nous avons reconnues dignes du même culte et d’une égale vénération.

Je ne prétends pas ici parler de vous seule, ma chère Tullia, vous dont le courage, la prudence, le savoir et la sagesse se perpétueront dans le souvenir jusqu’aux siècles les plus reculés, mais de tous ceux que nous avons vus, et que notre postérité verra et jugera dignes de pareils honneurs. Mais c’est de vous que je parlerai surtout maintenant, ô vous que je ne puis croire éternellement perdue pour moi ! Non, je ne pense pas que je sois privé de vous pour toujours, quand je vois la gloire de votre nom et de vos vertus se manifester de jour en jour avec plus d’éclat à mon esprit. Vous vivrez donc dans la mémoire des hommes aussi longtemps que subsisteront les monuments auxquels seront attachés les témoignages de vos louanges ; et je me flatte qu’ils dureront toujours, puisqu’ils sont aussi bien mérités. Je ne me tiendrai point quitte de ce que je vous dois, comme père, en retour de votre attachement pour moi, et de la splendeur que vous avez répandue sur notre commune patrie, que vous n’ayez été décorée de l’honneur suprême ; et je l’obtiendrai d’autant plus facilement pour vous, que le lieu que j’ai choisi dans cette intention doit