Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/113

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long-temps qu’il en a le droit. Eh quoi donc ! ce que la loi m’accorde, il ne me sera pas permis de n’en point user ? Car c’est dans mon intérêt que le temps pour l’accusation m’a été accordé, afin que je puisse, dans mon discours, développer convenablement mes griefs et mes moyens. Ne pas mettre ce temps à profit, ce n’est pas vous faire tort, c’est renoncer à une partie de mes avantages. Mais, dit-il, une cause doit être instruite.— Oui, sans doute ; car, autrement, le moyen de condamner un accusé, quelque coupable qu’il soit ! Vous vous plaignez donc ici de ce que je n’ai pas fait tout ce qui était nécessaire pour que votre client fût condamné ? car, s’il arrive qu’après l’instruction de la cause, nombre d’accusés soient acquittés, personne, tant qu’elle n’a pas été instruite, ne peut être condamné.— Mais je le prive du bénéfice de l’ajournement(31) ? — Non, mais de l’obligation la plus pénible qu’impose la loi, du désagrément d’avoir à plaider deux fois la cause, et c’est pour moi plutôt que pour vous que cette loi a été portée, ou du moins pas plus pour vous que pour moi : car, s’il est avantageux de parler deux fois, cet avantage est commun aux deux parties. D’un autre côté, s’il est nécessaire que celui qui a parlé le second soit réfuté, c’est dans l’intérêt de l’accusateur qu’on a établi la seconde plaidoirie. C’est, si je ne me trompe, Glaucia(32), qui, le premier, proposa que le jugement d’un accusé fût remis au surlendemain. Avant lui, on pouvait prononcer dès la première action ou demander un plus ample informé, sans fixer de délai. Laquelle de ces deux lois vous paraît la plus douce ? c’est sûrement l’ancienne, je veux dire celle qui permettait d’acquitter à l’instant, ou de retarder la condamnation. Eh bien ! je vous permets de réclamer la loi Acilia(33), en conformité de laquelle