Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/117

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dans de longs détails, et terminer ma narration en disant que Dion fut forcé de payer un million de sesterces(38) pour gagner une cause imperdable ; et que Verrès s’arrangea, en outre, pour qu’une partie des haras lui fût livrée, et pour enlever tout ce qu’il y avait d’argenterie et de tapisseries appartenant à la succession. Tous les discours que nous pourrions faire sur ce sujet, moi pour établir le délit, vous pour le nier, ne produiraient pas grand effet. Mais quand le juge se montrerait-il attentif et sérieusement occupé de l’affaire ? Lorsque Dion comparaîtrait lui-même avec les agents qu’il employait dans ses domaines de Sicile ; lorsqu’il serait démontré en pleine audience que Dion avait fait des emprunts, retiré ses créances, vendu des terres ; lorsqu’on produirait les registres des hommes les plus respectables ; lorsque ceux qui ont ouvert leur bourse à Dion viendraient attester qu’ils lui avaient entendu dire qu’il n’empruntait ces fonds que pour les donner à Verrès ; lorsque les amis, les hôtes, les protecteurs de Dion, tous gens honorables, confirmeraient cette déclaration par leur témoignage. Oui, c’est à ce moment, juges, que vous écouteriez attentivement, et vous l’avez fait ; c’est alors que la cause vous semblerait réellement plaidée. Voilà les principes qui m’ont dirigé dans la première action. Je me suis attaché à mettre tous les délits en évidence, de manière qu’il n’y en eût pas un seul qui vous parût avoir besoin des lenteurs d’une accusation suivie ; je prétends que les témoins n’ont fait aucune déposition qui ait pu vous laisser quelque doute, ou vous laisser à désirer qu’un orateur éloquent la développât.

XI. Vous n’avez pas oublié la marche que j’ai suivie : à mesure que j’interrogeais les témoins, j’exposais, je développais chacun des griefs, et quand j’en avais bien