emportés de l’Achaïe ! Ce n’est pas ici le lieu d’en parler, je réserve ces détails pour un autre moment. Vous avez entendu dire qu’à cette époque il y eut dans Athènes une grande quantité d’or enlevée du temple de Minerve : le fait a été rapporté dans le procès de Dolabella ; rapporté ! que dis-je ? on a même estimé la somme(63). En effet, juges, vous trouverez que Verrès fut non-seulement le complice, mais le principal auteur de ce vol.
XVIII. Le voilà à Délos(64) : là, profanant le temple d’Apollon, le plus révéré, il enlève secrètement, pendant la nuit, les statues les plus belles et les plus antiques, et les fait entasser dans son vaisseau de charge. Le lendemain, en voyant leur temple dépouillé, les habitants de Délos ressentirent une vive douleur : car telle est la religieuse vénération qu’ils ont pour ce temple, telle est sa respectable antiquité, qu’ils croient que ce fut là que naquit Apollon. Cependant ils n’osèrent se plaindre, dans la crainte que Dolabella ne fût pour quelque chose dans ce vol sacrilège. Tout à coup des tempêtes s’élèvent, et si violentes, juges, que non-seulement Dolabella n’aurait pu se rembarquer quand il l’aurait voulu, mais qu’il pouvait à peine rester dans la ville, tant les vagues s’élançaient furieuses hors de la mer ! Le bâtiment de notre corsaire est par les flots, indignés de tant de vols sacrilèges, jeté sur le rivage et brisé. On y retrouve les statues d’Apollon. Elles sont replacées par ordre de Dolabella : la tourmente s’apaise(65), et Dolabella peut quitter Délos. Non, Verrès, quoique ton cœur soit fermé à tout sentiment humain, à toute pensée religieuse, je ne doute pas qu’en ce moment où un si grand péril te menace, le souvenir de tes crimes ne se retrace à ta pensée ! Peux-tu concevoir quelque espérance de salut, alors que tu te