Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/139

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belles statues ; qu’il a fait la même chose dans les péninsules d’Erythres et d’Halicarnasse(72) ; qu’à Ténédos(73) (je ne parle point de l’argent qu’il y a volé), Ténès lui-même, que les habitants révèrent comme leur principale divinité, Ténès, fondateur de leur ville, et dont leur île porte le nom ; oui, ce même Ténès si admirablement travaillé, que vous avez vu autrefois dans la place des comices(74), fut emporté par lui malgré les gémissemens redoublés de toute la population. Et le pillage à main armée de ce temple si ancien et si célèbre, consacré à Junon Samienne(75), que de larmes n’a-t-il pas fait verser aux habitants de Samos ! quelle douleur amère pour toute l’Asie ! quel éclat scandaleux aux yeux de tous les peuples ! est-il un seul de vous qui n’en ait entendu parler ? Des députés de Samos se rendirent en Asie auprès de C. Néron(76), pour demander vengeance d’un pareil brigandage ; il leur répondit que des plaintes de cette nature, contre un lieutenant de la république(77) ne pouvaient être jugées par un préteur, et que c’était à Rome qu’il fallait les porter. C’est sur ce grief(78) que, dans la première action, vous avez entendu Charidème de Chio faire sa déposition. Il a déclaré que, chargé par Dolabella, en qualité de commandant d’une galère(79), d’accompagner Verrès à son départ de l’Asie, il s’était rendu avec lui à Samos ; que là il apprit alors le pillage du temple de Junon et de la ville de Samos ; que plus tard, sur la plainte des Samiens, il avait été cité à Chio devant ses concitoyens ; mais qu’il avait été acquitté après avoir prouvé clairement que les délits dont se plaignaient les députés de Samos lui étaient étrangers et concernaient Verrès. Que de tableaux, que de statues Verrès n’a-t-il pas enlevés de Samos ? Moi-même je les ai reconnus dans sa maison, lorsque