luth d’Aspendus, dont vous avez souvent entendu parler comme ayant donné lieu, chez les Grecs, au proverbe il chante en lui-même(85), Verrès l’enleva aussi et le plaça dans ses appartements intérieurs, comme pour prouver qu’il était plus habile encore à cacher son jeu que ce musicien lui-même. Dans Perga(86), Diane, comme vous savez, a un temple très ancien et très respecté : je dis, Verrès, qu’il a été entièrement pillé et dépouillé par vous ; vous avez même détaché de Diane elle-même tout l’or qui couvrait sa statue. Malheureux ! quelle audace, quelle frénésie est la vôtre ! Car enfin, vous n’êtes venu dans ces villes alliées et amies du peuple romain qu’avec le pouvoir et le caractère de lieutenant : mais je suppose qu’après les avoir emportées d’assaut, à la tête d’une armée, vous eussiez dépouillé ces villes de leurs statues et de leurs objets d’art, je ne pense pas toutefois que c’eût été pour les transporter dans votre palais(87) et dans les jardins de vos amis, mais à Rome, dans les édifices publics.
XXI. Parlerai-je ici de M. Marcellus(88), qui prit la superbe Syracuse ? parlerai-je de L. Scipion(89), qui fit la guerre en Asie et vainquit Antiochus, un des plus puissants monarques ? parlerai-je de Flaminius, qui subjugua le roi Philippe et la Macédoine ? parlerai-je de L. Paullus(90), qui triompha de Persée à force de courage et de vertu ? parlerai-je de L. Mummius(91), qui renversa cette cité si belle, si opulente, Corinthe, remplie de tant d’objets précieux, et qui soumit aux lois souveraines du peuple romain les villes de l’Achaïe et de la Béotie ? Les maisons de ces héros n’étaient ornées que par l’honneur et la vertu, elles étaient vides de statues et de tableaux ; mais nous voyons Rome entière, et les temples des dieux, et toutes