étaient jadis accusés et condamnés, on étale publiquement des richesses ravies, enlevées aux alliés au mépris de toutes les lois. » Verrès ne niera pas, je crois, qu’il possède une multitude innombrable de statues et de tableaux ; mais il va sans doute rappeler encore que tout ce qu’il a si impudemment enlevé de force ou dérobé, il l’a bien acheté : car sans doute, quand nous l’avons envoyé en Achaïe, en Asie, en Pamphylie, aux frais de la république, et avec le titre de lieutenant, c’était pour y faire le métier de marchand de statues et de tableaux.
XXIII. J’ai tous ses registres et ceux de son père(96) ; je les ai parcourus et relevés tous avec la plus grande attention ; les livres du père jusqu’à sa mort, ceux de l’accusé jusqu’au moment où il dit avoir cessé de les tenir. Car, juges, voici encore une chose qui lui est particulière : on parle d’un homme qui ne tint jamais de livres de compte, et c’est M. Antonius(97) de qui l’on s’est formé cette fausse opinion, car il en a tenu de très exacts. Quoi qu’il en soit, si quelqu’un a commis cette négligence, il a eu grand tort. On nous parle encore d’un autre individu qui, après s’être d’abord dispensé d’en tenir, avait par la suite rempli ce devoir ; on peut du moins trouver à cela quelque motif plausible ; mais la réponse de l’accusé n’est-elle pas extraordinaire autant que dérisoire ? Je lui avais demandé son livre de compte : il me dit qu’il n’en avait tenu que jusqu’au consulat de M. Terentius et de C. Cassius(98) ; que depuis il avait cessé. Dans un autre moment nous examinerons votre conduite à cet égard : aujourd’hui, peu m’importe ; j’ai vos registres et ceux de votre père, ils me suffisent pour l’époque dont je parle. Vous avez rapporté des provinces beaucoup de statues fort belles, et un grand nombre d’excellents tableaux. Vous ne pou-