portent à Philodamus et par l’indignité de l’attentat, s’empressent de courir à sa maison. Il était nuit, le licteur Cornelius est tué au milieu des esclaves de Rubrius, chargés avec lui d’enlever la jeune femme ; plusieurs esclaves sont blessés ; Rubrius lui-même est frappé dans la mêlée. Verrès, qui voit ce violent tumulte excité par ses passions brutales, ne songe qu’au moyen de s’esquiver, s’il est possible.
XXVII. Le lendemain matin, les habitants se forment en assemblée ; on délibère sur le meilleur parti à prendre ; chacun, selon la considération dont il est investi, prend la parole devant le peuple. Il n’y eut personne qui ne pensât et qui ne dît hautement « qu’il n’était point à craindre que, parce que les Lampsacéniens avaient repoussé à main armée un pareil attentat, le sénat et le peuple romain crussent devoir en demander vengeance contre leur ville ; que, si les lieutenants du peuple romain s’arrogeaient envers les alliés et les nations étrangères un tel pouvoir, qu’il ne leur fût pas même permis de défendre la pudicité de leurs enfants contre la lubricité de ces despotes, il valait mieux s’exposer à tout souffrir que de ramper plus longtemps sous une si exécrable tyrannie. » Tous, animés du même sentiment, tous s’exprimant dans le même sens, avec la même indignation, se rendent en masse à la maison où logeait Verrès : ils en assaillent la porte à coups de pierres ; ils la forcent avec des leviers, ils l’entourent de bois et de sarments ; déjà ils y mettaient le feu. Les citoyens romains établis dans la ville accourent de toutes parts ; ils conjurent les Lampsacéniens d’avoir plus d’égard au caractère de lieutenant du peuple romain qu’à la personne de celui qui en était revêtu ; qu’ils savent bien que c’est un homme infâme,