Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/165

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ses instances : il fit ce que beaucoup de personnes lui ont reproché ; il quitta son armée, son département(113), les soins d’une guerre importante, et, pour obliger le plus méprisable des hommes, il se rendit en Asie, dans un département qui lui était étranger. Arrivé près de Néron, il ne cessa de l’importuner pour qu’il s’occupât de l’affaire de Philodamus ; lui-même était venu dans l’intention de siéger au nombre des juges, et d’opiner le premier ; il avait aussi emmené avec lui ses préfets et ses tribuns militaires ; Néron en fit ses assesseurs. Verrès lui-même, modèle des juges équitables, prit place dans ce tribunal. On y voyait encore plusieurs Romains, créanciers des Grecs, qui, pour faire rentrer leurs fonds, avaient d’autant plus besoin de la protection d’un lieutenant, que ce lieutenant se pique moins de probité. Le malheureux Philodamus ne pouvait trouver aucun défenseur. Quel Romain aurait voulu déplaire à Dolabella ? quel Grec n’aurait pas été effrayé par son autorité et par l’usage violent qu’il en pouvait faire ? L’accusateur qu’on avait choisi était d’ailleurs un citoyen romain, créancier des Lampsacéniens ; et cet homme, en déposant tout ce que Verrès l’avait chargé de dire, était assuré d’avoir les licteurs de celui-ci à ses ordres, pour se faire payer de cette cité. En dépit de tout cet acharnement, de toutes ces intrigues, quoique le malheureux Philodamus eût contre lui tant de gens pour l’accuser et personne pour le défendre, quoique Dolabella, à la tête de ses officiers, combattît pour lui dans le tribunal, quoique Verrès déclarât qu’il y allait de sa fortune, quoiqu’il fût tout à la fois admis à déposer comme témoin, à délibérer comme juge, et qu’il eût en outre aposté l’accusateur ; malgré toutes ces