manœuvres, et bien qu’il fût constaté qu’il y avait eu un homme tué, l’attentat de Verrès semblait néanmoins si criant, et sa scélératesse si profonde, que le tribunal prononça un plus ample informé(114), au sujet de Philodamus.
XXX. Parlerai-je de la chaleur que mit Dolabella dans la seconde action ? parlerai-je des larmes de son protégé(115), de ses allées et venues chez tous les juges ? dirai-je que C. Néron, excellent homme d’ailleurs, et d’une probité à toute épreuve, mais d’un caractère parfois timide, n’avait en cette circonstance d’autre parti à prendre que de répondre au vœu général en jugeant l’affaire sans Verrès et Dolabella ? Tout ce qu’il aurait fait sans eux aurait été approuvé, au lieu que la sentence qui fut alors rendue fut regardée comme ayant été moins prononcée par Néron qu’extorquée par Dolabella. Philodamus et son fils avaient été condamnés à une très faible majorité. Dolabella, toujours présent, demande, exige qu’ils soient à l’instant décapités, afin que la multitude les entende moins long-temps se plaindre de la scélératesse abominable de Verrès. L’échafaud est dressé dans la place publique de Laodicée(116). Quel spectacle douloureux, lamentable, horrible pour toute la province d’Asie ! Un père respectable par son âge, conduit au supplice, et son fils à sa suite ! Quel était donc leur crime ! L’un avait défendu la chasteté de ses enfants, l’autre la vie de son père et l’honneur de sa sœur. Tous deux pleuraient, non sur le supplice qu’ils allaient subir, mais le père sur la mort de son fils, et le fils sur celle de son père. Que de larmes ne versa pas Néron lui-même ! que de pleurs par toute l’Asie(117) ! quel deuil et quels gémissemens dans Lampsaque, alors qu’on vit des hommes innocens, nobles alliés et amis du peuple romain,