tomber sous la hache du bourreau, à cause de la profonde scélératesse et de l’exécrable brutalité du plus infâme des hommes ! Non, non, Dolabella, ni ton malheur, ni celui de tes enfants réduits à traîner leurs jours dans la misère et dans l’abandon, ne peuvent plus exciter la pitié ! Qu’était donc Verrès à tes yeux, pour que tu aies voulu que son crime fût lavé dans le sang d’hommes innocens ? Devais-tu t’éloigner de ton armée et de l’ennemi, pour venir, par l’abus d’autorité le plus cruel, tirer de péril ce scélérat ? Parce que tu l’avais subrogé à ton premier questeur, croyais-tu qu’il serait constamment ton ami ? Ne savais-tu pas que le consul Carbon, dont il avait été réellement le questeur, s’était vu non-seulement abandonné par lui, mais privé de tout secours, dépouillé de son trésor, indignement trahi et accablé ? Aussi as-tu éprouvé à ton tour sa perfidie, lorsque tu l’as vu se joindre à tes ennemis(118), déposer avec acharnement contre toi, te charger des délits dont lui-même était coupable, et jusqu’après ta condamnation, refuser de rendre ses comptes aux trésoriers de l’état ?
XXXI. Et vous, Verrès, imposerez-vous si peu le frein à vos passions, que les provinces du peuple romain et les nations étrangères ne puissent ni les supporter ni les assouvir ? Ainsi donc, si tout ce que vous voyez, tout ce dont vous entendez parler, tout ce que vous désirez, tout ce qui vous passe dans l’imagination, n’est pas, au premier signe, mis à votre disposition pour satisfaire vos goûts et vos caprices, il faudra que des satellites soient envoyés, des maisons forcées, et que des populations entières, non seulement paisibles, mais alliées et amies de la république, soient obligées