Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/181

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laine(123) il emporta des magasins publics de Milet, ni combien coûta sa réception dans cette ville ; quels outrages et quelles avanies il fit essuyer au magistrat. Je pourrais cependant, sans outrer la vérité, en parler avec autant d’indignation que de véhémence ; je ne le ferai pas dans ce moment, et je réserve tous ces détails pour le temps où je produirai les témoins. Mais il est un fait sur lequel je ne puis ici ni garder le silence, ni m’exprimer comme il conviendrait de le faire ; le voici : il ordonne aux soldats et aux rameurs de retourner à pied de Mynde à Milet. Quant au magnifique brigantin choisi par les Milésiens parmi les dix vaisseaux de leur escadre, il le vendit à L. Magius et L. Rabius(124), domiciliés l’un et l’autre dans la ville de Mynde. Ce sont les mêmes hommes que le sénat a dernièrement déclarés traîtres à la patrie : c’est sur ce bâtiment qu’ils se transportaient chez tous les ennemis de la république, depuis Dianium, en Espagne, jusqu’à Sinope, dans le Pont. Dieux immortels ! quelle incroyable avarice ! quelle étrange audace ! Un vaisseau de la flotte romaine(125) vous avait été confié par la cité de Milet pour vous servir d’escorte, et vous avez osé le vendre ! Si l’énormité du délit, si l’opinion publique ne vous effrayaient pas, comment n’avez-vous pas songé du moins que ce vol impudent, ou plutôt ce détestable brigandage, serait un jour, dénoncé par cette illustre et noble cité ? Il est vrai qu’à votre prière, Dolabella entreprit de punir le capitaine du brigantin, pour avoir instruit les Milésiens de tout ce qui s’était passé ; il est vrai qu’il fit rayer la déclaration de cet officier, inscrite, en vertu de leurs lois, sur les registres de la cité ; mais en était-ce assez pour vous croire à l’abri de toute poursuite ?

XXXV. Combien en cela ne vous êtes-vous pas trompé !