Ce n’est pas au reste la seule fois ; toujours vous avez pensé, et particulièrement lorsque vous étiez en Sicile, que pour vous justifier il suffisait d’empêcher que certaines choses fussent inscrites sur les registres publics, ou bien d’user de contrainte pour les faire effacer. Déjà, dans la première action, plusieurs cités de la Sicile vous ont fait connaître toute l’inutilité de cette mesure : voyez-en aujourd’hui encore une nouvelle preuve. Les habitants de ces cités obéissent tant que celui qui a le pouvoir demeure dans leurs murs ; dès qu’il est éloigné, non-seulement ils consignent dans leurs archives les faits qu’on leur avait défendu d’y enregistrer, ils y inscrivent même la cause qui les avait empêchés de les consigner d’abord. Les archives de Milet existent, et elles existeront tant que subsistera cette ville. Ses habitans, conformément aux ordres de L. Murena(126), avaient fait construire dix vaisseaux avec la taxe pécuniaire qui leur avait été imposée par le peuple romain, ainsi que l’ont fait, chacune pour sa part, toutes les autres cités de l’Asie. Les Milésiens ayant donc sur ces dix vaisseaux perdu un navire, non dans une attaque soudaine de pirates, mais par le brigandage d’un lieutenant de la république ; non dans une tempête, mais par cet horrible fléau qui a désolé nos alliés, ils l’ont consigné dans leurs registres. Les députés de Milet, hommes de la plus haute distinction, et les premiers dans leur ville, sont maintenant à Rome : quoiqu’ils attendent le mois de février(127) et l’agrément des consuls désignés, si on les interroge, ils ne pourront nier un pareil attentat, il ne sera pas même nécessaire de les appeler en témoignage pour qu’ils rompent le silence ; ils déclareront, dis-je, par respect pour leur serment et pour les lois de leur patrie, tout ce qui concerne ce brigantin. Ils éta-
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