III. Aujourd’hui voici quelle est la pensée du plus audacieux et du plus insensé de tous les hommes. Il comprend que je me présente devant ce tribunal, muni de tous les documents nécessaires, et tellement préparé que je vais, non-seulement faire retentir à vos oreilles, mais exposer à tous les regards ses brigandages et ses infamies. Il reconnaît ici nombre de sénateurs qui furent témoins de son audace. Il voit rassemblés des chevaliers romains, et de plus une foule de citoyens et d’alliés envers lesquels il a commis d’éclatantes injustices. Il aperçoit aussi les députations respectables des cités les plus attachées au peuple romain, réunies autour de vous, et munies d’attestations et de témoignages publics. Et cependant il a conçu une si mauvaise opinion de tous les gens de bien, il pense que les tribunaux, composés de sénateurs, sont descendus à un tel degré de corruption et d’avilissement, qu’il ose se glorifier de son avidité pour l’argent, puisque l’argent est, ainsi qu’il l’éprouve, d’un si puissant secours ; disant hautement qu’il a acheté, ce qui était le plus difficile, l’époque de son jugement(13), afin de pouvoir plus aisément acheter le reste ; et que, ne pouvant échapper à la force des accusations, il a retardé au moins le moment de l’orage. S’il eût fondé quelque espérance, non-seulement sur la bonté de sa cause, mais sur un appui honorable, sur l’éloquence ou le crédit d’un défenseur, il ne rassemblerait pas, il ne saisirait pas ces misérables subterfuges ; il ne porterait pas le dédain et le mépris pour le sénat, au point de faire désigner, à son choix, un membre de cet ordre pour être mis en accusation(14), et qui, tandis que lui-même disposera tous ses moyens, plaidera sa cause avant lui. Les espérances dont il se flatte, et le but de ses manœuvres, sont pour