Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/209

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que cet homme, en quittant sa province, se soit clandestinement évadé de Syracuse ! Ah ! si nous étions aussi sensibles aux malheurs des autres qu’à ceux qui nous sont personnels, il y a long-temps que l’on ne trouverait plus dans le Forum l’empreinte de ses pas(156) ! Un père donne à sa fille : vous ne le voulez pas. Les lois l’y autorisent : vous vous y opposez. Dans sa donation il ne s’écarte point du droit civil : qu’y trouvez-vous à redire ? rien, ce me semble. Mais je vous l’accorde : faites votre opposition, si vous pouvez, si vous trouvez quelqu’un qui la reçoive, qui s’y prête, s’il est possible qu’un seul individu la respecte. Croyez-vous qu’on vous laissera enlever aux morts leur volonté, aux vivants leurs biens, à tous les citoyens leurs droits ? Croyez-vous que le peuple romain n’aurait pas fait tomber sur vous sa juste indignation, s’il n’eût mieux aimé que ce tribunal punît vos attentats ? Depuis l’établissement de la juridiction prétoriale, jamais on ne s’est écarté de ce principe, que, toutes les fois qu’il n’y avait point de testament, le plus proche parent devenait héritier et devait être mis en possession. Il serait facile de prouver l’équité de cette mesure ; mais il suffit d’avertir que, sur ce fait, tous les magistrats ont prononcé conformément à cette jurisprudence, et que c’est un édit ancien et consacré par une tradition constante.

XLV. Écoutez maintenant, juges, un autre édit de notre préteur : la matière est depuis long-temps réglée, mais l’édit est nouveau, et, tandis qu’il veut bien donner des leçons de droit civil, envoyez vos jeunes gens à son école. Vous allez admirer le profond génie et la science du personnage. Un certain Minucius était mort avant sa préture ; on ne connaissait de lui aucun testament. D’après la loi, la succession appartenait à la famille Minucia. Si