moi bien faciles à deviner ; mais qu’en cela il compte réussir avec un tel préteur(15) et de tels juges, c’est ce que je ne puis concevoir. Il est cependant une chose que je comprends aisément, et dont le peuple romain a dû se convaincre lors de la récusation des juges(16) ; c’est que ses espérances sont de telle nature qu’il n’a de moyen de salut que dans son argent, et que si cette ressource lui manquait, il ne trouverait pas d’autre appui.
IV. En effet, quel génie assez vaste, quel orateur assez éloquent, pour trouver dans une vie souillée de tant de vices, convaincue de tant de crimes, déjà condamnée par la volonté et le jugement de tous les hommes, quelque partie qu’il fût possible de justifier ? Sans parler des taches et de l’ignominie de son adolescence, sa questure, qui fut son premier pas dans les honneurs, que nous présente-t-elle ? Je vois Cn. Carbon(17) dépouillé des deniers publics par son questeur, un consul volé et trahi, une armée désertée, une province abandonnée, des liens formés par le sort et par la religion, brisés, foulés aux pieds. Sa lieutenance a été une calamité pour toute l’Asie et la Pamphylie : dans ces provinces il a pillé un grand nombre de maisons, de villes, et tous les lieux sacrés(18). C’est alors qu’il renouvela contre Dolabella(19) le crime qui avait déjà flétri sa questure ; par ses malversations il attira la haine publique sur celui dont il avait été le lieutenant et le proquesteur ; et non-seulement il l’abandonna dans le danger où il l’avait jeté, mais encore il le dénonça et le trahit. Que voyons-nous dans sa préture à Rome(20) ? La dégradation des édifices sacrés, les travaux publics négligés ; et, dans l’administration de la justice, des mises en possession, des biens adjugés, donnés arbitrairement contre toutes les règles établies. Mais c’est en Sicile qu’il a laissé les