inséré dans votre édit, plus tard, de peur de faire gratuitement mal parler de vous dans votre province, vous l’avez supprimé dans votre édit pour la Sicile. Ainsi, après avoir, préteur désigné, rédigé son édit au gré de ceux qui le payaient, pour obtenir des lois favorables à leurs intérêts, Verrès, une fois en activité, rendit sans scrupule des édits tout contraires. Et voilà pourquoi L. Pison(158) a rempli plusieurs registres du détail des affaires, dans lesquelles il fut obligé d’intervenir, parce que son collègue avait rendu des décrets en opposition avec son propre édit. Je ne pense pas que vous ayez oublié, juges, de quelle suite et de quelle classe de citoyens le tribunal de Pison était presque tous les jours entouré : certes, sans un tel collègue, Verrès aurait été cent fois lapidé dans le Forum. Mais ses injustices semblaient plus supportables, parce qu’on trouvait dans la droiture et l’équité de Pison, un asile toujours ouvert, et dont chacun pouvait profiter sans qu’il fût besoin de longues démarches, de sollicitations, d’argent, ni même d’avocat. Rappelez-vous, juges, de quelle manière arbitraire Verrès rendait la justice ; que de contradictions dans ses arrêts, quel trafic scandaleux il en faisait ; quelle solitude chez les jurisconsultes les plus accrédités, tandis que la maison de la Chélidon était toujours pleine de gens qui, en sortant de chez cette femme, allaient à Verrès lui dire à l’oreille quelques mots, à la suite desquels tantôt il rappelait les parties qu’il avait déjà jugées, et réformait sa sentence ; tantôt il prononçait sans aucun scrupule, entre d’autres plaideurs, le contraire de ce qu’il avait jugé la veille dans des causes entièrement semblables. De là ces sarcasmes que l’indignation inspirait aux mécontents : les uns disaient, vous les avez entendus, qu’il ne fallait
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