Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/299

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vendre leurs marchandises comme ils l’entendent ! Elle renvoie les uns chargés de commandes qui doivent leur être très-lucratives ; elle retient les autres chez elle pour faire valoir les terres domaniales, élever des troupeaux, établir des maisons de banque, enfin y fixer leur domicile. Ce n’est pas un médiocre avantage pour le peuple romain, qu’un si grand nombre de citoyens puisse trouver si près de la métropole tant de moyens de bien-être et de fortune. Et puisque les nations tributaires et les provinces sont en quelque sorte le domaine de la république, si chacun de nous en particulier attache d’autant plus de prix à ces domaines qu’ils sont plus près de lui, le peuple de Rome doit aimer surtout une province qu’il peut regarder comme un de ses faubourgs : d’ailleurs, ces insulaires ont tant de constance, de courage, de tempérance, qu’on retrouve en eux presque toutes nos mœurs, je parle de nos mœurs antiques et non pas de celles de notre siècle. Ils ne ressemblent en rien au reste des Grecs ; chez eux point d’indolence, point de luxe ; au contraire, la plus grande activité dans les affaires publiques et privées, la plus stricte économie, la plus exacte vigilance ; enfin, ils ont une telle affection pour nos concitoyens que peut-être sont-ils le seul peuple à qui nos publicains et nos négocians ne soient pas odieux. Bien qu’ils aient long-temps souffert les vexations de plusieurs de nos magistrats, c’est la première fois qu’ils viennent dans le sanctuaire des lois implorer l’appui de votre justice. Cependant ils avaient déjà passé une année trop fameuse(6) dans une telle oppression qu’ils n’auraient pu se relever, si les destins favorables ne leur eussent envoyé C. Marcellus(7), afin que deux fois la Sicile dût son salut à la même famille. Plus tard M. Antonius(8) leur avait fait sentir l’excès de son pouvoir sans bornes