Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/305

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V. Malgré toutes ces manœuvres, n’oubliez pas que Messine est la seule ville qui ait envoyé une députation pour faire l’apologie de Verrès. Et que vous a dit le chef de cette députation, C. Heius, le premier des Mamertins ? Vous l’avez entendu déclarer, sous serment, qu’un très-grand vaisseau de transport avait été construit pour le préteur, à Messine, aux frais et par les ouvriers de la ville. Ce député des Mamertins, ce prôneur d’office, vous a dit que Verrès lui avait non-seulement ravi ses biens, mais encore enlevé de sa maison les objets les plus précieux de son culte, et les dieux pénates que lui avaient transmis ses ancêtres. Admirable panégyrique fait par des députés qui, chargés d’une seule fonction, ne pouvaient s’en acquitter qu’en mêlant à l’éloge des réclamations sur ses rapines ! Je dirai, quand il en sera temps, pourquoi Messine est amie de Verrès, et vous reconnaîtrez, juges, que ce qui le rend cher aux Mamertins, est pour vous un juste motif de le condamner. Nulle autre cité ne fait son éloge ; et tout ce que l’influence d’un pouvoir despotique a produit sur quelques hommes, et non sur des cités, se réduit à ce que, dans les villes les plus misérables et les moins peuplées, il se soit trouvé des individus très peu considérés, qui sont partis pour Rome, sans ordre de leur sénat et de leurs concitoyens ; ou que des commissaires, chargés par un décret de porter contre Verrès le témoignage de leur cité, aient été retenus par force et par crainte. Au reste, je ne me plains pas que la chose se soit ainsi passée dans quelques localités ; le témoignage de tant d’autres cités si grandes et si respectables, que dis-je ? de toute la Sicile, n’en obtiendra près de vous que plus d’autorité, lorsque vous verrez qu’aucune puissance n’a pu les arrêter, qu’aucun péril