Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/309

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en Sicile, s’il se trouve un seul individu sicilien ou romain, s’il se trouve une seule classe d’hommes cultivateurs, pacagers ou marchands, qui fasse son apologie, et s’il n’a pas été pour tous et pour chacun un spoliateur, un ennemi commun ; enfin, si jamais, en quoi que ce soit, il a ménagé quelqu’un : oui, je le répète, je consens que vous l’épargniez.

Dès que le sort lui eut assigné la Sicile pour département, le premier soin qui l’occupa, soit dans Rome, soit aux portes de Rome(11), fut de chercher en lui-même, et de délibérer avec ses amis comment il parviendrait à tirer de sa province le plus d’argent possible pendant l’année de son administration. Il ne voulait point attendre, pour s’en instruire, le moment où il serait en activité, quoique pourtant il n’en fût pas à son apprentissage dans l’art d’exploiter la province(12), mais il voulait arriver en Sicile avec ses plans de pillage, conçus et arrêtés d’avance. Oh ! qu’elles se trouvèrent justes les prédictions du peuple sur son administration dans cette province ! c’était le sujet de tous les bruits publics, de tous les entretiens. De son nom seul on tirait, tout en plaisantant, des présages de sa conduite future ; et, lorsqu’on se rappelait ses vols et sa désertion dans sa questure, lorsqu’on songeait aux villes et aux temples qu’il avait spoliés pendant sa lieutenance, lorsqu’on voyait dans le forum les brigandages de sa préture, qui pouvait douter de ce qu’il serait dans le quatrième acte de sa carrière scélérate ?

VII. Et pour vous prouver qu’il avait étudié à Rome même, non-seulement toutes les espèces de vols qu’il pourrait commettre dans son département, mais jusqu’aux noms de ceux dont la dépouille serait la plus riche, apprenez un fait authentique qui vous donnera une juste