apprit qu’un Sicilien, nommé Dion, avait fait un très-riche héritage ; que le testament portait que l’héritier élèverait des statues dans la place publique, et que s’il y manquait, il serait tenu à une amende envers Vénus Érycine(16). Quoique les statues se trouvassent érigées conformément au testament, Verrès pensa que, puisque le nom de Vénus s’y trouvait, il y aurait pour lui moyen de tirer quelque profit. Il aposte donc quelqu’un pour réclamer l’héritage au nom de la déesse Érycine ; car cette réclamation ne se fit pas, suivant l’usage, par le questeur qui avait dans son département le mont Éryx(17) ; mais par je ne sais quel Nevius Turpio, un des agens et des limiers de Verrès, le plus vil de tout ce troupeau de délateurs à gages, et qui avait été, sous la préture de Sacerdos, condamné pour ses méfaits. Telle était la nature de la cause, qu’il aurait été impossible au préteur lui-même de trouver, pour se rendre l’organe de cette indigne accusation, un autre homme qui fût un peu moins déconsidéré. Verrès déclara Dion quitte envers Vénus, mais débiteur envers lui. Il aima mieux, sans doute, voir dans cette affaire les hommes prendre sur eux la faute que les dieux ; il aima mieux commettre lui-même une extorsion illégale envers Dion, que de laisser Vénus recouvrer ce qui ne lui était pas dû. Ai-je besoin de vous lire ici la déposition de Sextus Pompeius Chlorus, qui plaida la cause de Dion et qui suivit toute cette affaire ? C’est, vous le savez, un homme plein d’honneur, et que son titre de citoyen romain, juste récompense de son rare mérite, n’a pas empêché depuis tant d’années de garder le premier rang parmi les Siciliens. Vous citerai-je le témoignage de Q. Cécilius Dion, homme aussi modeste qu’il est généralement estimé ? ceux de L. Vetecilius
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