la prévarication, je sévirai. Qu’en est-il résulté ? Personne ne doutait que du moment qu’un juge saurait que son jugement serait révisé par un autre, et que l’affaire pourrait devenir pour lui capitale, il ne consultât uniquement la volonté de celui qui aurait à prononcer sur sa propre existence. Verrès choisissait-il les juges parmi les citoyens romains domiciliés dans l’île ? les prenait-il parmi nos négocians ? Jamais. Cette troupe de juges dont je parle se recrutait, non pas dans le cortège de Q. Scévola, qui même ne l’employait pas aux fonctions judiciaires, mais bien dans celui de C. Verrès. Et de quels gens croyez-vous que ce cortège fût composé ? Les gens valaient bien l’ordonnance (33) : Si un sénat s’avise de mal juger, etc. Je prouverai également que lorsqu’il désignait un sénat pour juger, ce tribunal était forcé par lui de prononcer contre sa conscience. On ne tirait les juges au sort, comme le veut la loi Rupilia, que lorsque le procès ne devait rien lui rapporter. La loi d’Hiéron avait prévu plusieurs formes de procédure pour nombre de contestations : toutes ces dispositions furent fondues dans une seule formule. Quels juges a-t-il choisi parmi nos concitoyens ou parmi les chevaliers romains ? Aucun. Vous voyez quel était son pouvoir ; apprenez l’usage qu’il en a fait.
XIV. Heraclius, fils d’Hiéron, un des citoyens les plus distingués de Syracuse, était, avant la préture de Verrès, le plus opulent des Syracusains ; il en est aujourd’hui le plus pauvre, sans autre cause de son désastre, que l’avarice et l’injustice du préteur. Une succession de trois millions de sesterces (34) au moins lui échut par testament d’un de ses parens, nommé aussi Heraclius. La maison était remplie de vaisselle d’argent parfaitement ciselée, de tapisseries magnifiques, d’esclaves nombreux et d’un