n’est pas la province qui l’a corrompu, comme quelques autres magistrats ; il s’y est montré tel qu’il était à Rome. Heraclius représentait, ainsi que tout le monde le savait, que les Siciliens avaient une jurisprudence particulière pour les procès qui pouvaient s’élever entre eux, qu’il existait une loi Rupilia donnée par P. Rupilius en vertu d’un sénatus-consulte et de l’avis de dix commissaires, qu’elle avait toujours été respectée en Sicile par les consuls et les préteurs. Verrès déclara qu’il ne tirerait point les juges au sort conformément à la loi Rupilia, et il nomma cinq juges dont il était sûr. Que ferez-vous de cet homme qui se joue de ce qu’il y a de plus sacré ? Quel supplice trouverez-vous assez rigoureux pour lui ? La loi vous prescrivait, ô le plus abominable et le plus impudent des hommes, le mode à suivre dans toute affaire entre Siciliens, pour leur donner des juges ; vous aviez devant les yeux l’autorité d’un général du peuple romain, le respect dû à dix commissaires choisis parmi les citoyens les plus illustres ; enfin un sénatus-consulte, d’après lequel P. Rupilius avait établi des lois en Sicile, de l’avis de ces dix commissaires. Tous vos prédécesseurs avaient religieusement observé les lois de Rupilius dans toutes leurs dispositions, et particulièrement en ce qui concerne les tribunaux. Et vous avez osé, pour satisfaire votre rapacité, ne tenir aucun compte de tant de considérations si imposantes ! Sur vous, ni les lois, ni la religion des traités, ni la publique estime, ni la crainte des tribunaux, ni l’autorité de la vertu, ni celle des exemples, n’ont donc aucun pouvoir ! Enfin, je le répète, cinq juges furent, au mépris des lois, et des institutions, et de la religion, et du sort, et du droit de récusation, mais selon la volonté arbitraire de Verrès, nommés, non pour connaître de l’affaire,
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