noms de l’urne ; Heraclius était absent, n’importe, les juges eurent ordre de le condamner, et ils le condamnèrent. Quel était donc, malheureux, votre égarement ! Vous n’avez donc jamais songé qu’un jour vous auriez à rendre compte des actes de votre administration ? Vous n’avez donc jamais pensé qu’il vous faudrait répondre sur ces faits devant ce tribunal respectable ? Attaquer une succession sur laquelle on ne peut avoir aucune action, et cela au profit d’un préteur avide ; se couvrir du nom d’une cité célèbre, et compromettre l’honneur de cette cité en lui imposant le rôle d’une honteuse réclamation ! Ce n’est pas tout : vous n’avez pas même gardé dans l’instruction du procès les apparences de la justice. Dieux immortels ! qu’importe qu’un préteur, abusant de son pouvoir, contraigne les citoyens par la force d’évacuer toutes leurs propriétés, ou qu’il leur donne de la sorte un tribunal obligé de prononcer, sans les avoir entendus, l’arrêt de leur ruine ?
XVIII. Assurément, vous ne pouvez nier que vous auriez dû tirer les juges au sort, en exécution de la loi Rupilia, surtout quand Heraclius vous le demandait. Si vous dites que ce fut du consentement d’Heraclius que vous vous écartâtes de la loi, vous vous engagerez dans un mauvais pas d’où il vous sera difficile de vous tirer : car enfin, qui l’aurait empêché de comparaître si ses juges avaient été choisis à son gré ? Et vous, pourquoi après son départ en nommâtes-vous d’autres, si ceux qui avaient été donnés les premiers avaient été choisis par vous au gré des deux parties ; enfin, dans toutes les autres causes, c’était votre questeur M. Postumius qui faisait le tirage sur la place publique : pourquoi n’est-ce que dans celle-ci que vous l’avez fait vous-même, et devant quels témoins ? On dira peut-être que Verrès a gratifié d’une succession le peu-