Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/339

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ple de Syracuse ! Quand j’en conviendrais, juges, vous n’en seriez pas moins obligés de le condamner, car aucune loi n’autorise à dépouiller l’un pour donner à l’autre ; mais je prouverai que cette succession est devenue la proie de Verrès, et qu’il l’a dilapidée sans daigner même s’en cacher. Vous verrez que tout l’odieux de cette honteuse affaire est retombé sur le peuple de Syracuse et qu’un autre en a profité ; qu’enfin quelques Syracusains, les mêmes qui se disent aujourd’hui envoyés au nom de leur ville pour faire l’apologie de Verrès, furent alors admis au partage de cette proie, et qu’aujourd’hui ils semblent être venus, moins pour cet éloge, que pour prendre part, dans l’intérêt de leur ville, à l’estimation générale de ce qu’il doit restituer.

Or donc, après qu’Heraclius eut été condamné, tout absent qu’il était, non-seulement la succession en litige, laquelle montait à trois millions de sesterces, mais tout son patrimoine qui ne valait pas beaucoup moins, furent confisqués au profit du gymnase de Syracuse, c’est-à-dire au profit de cette cité. Quelle préture que la vôtre ! Vous enlevez à un héritier une succession qu’il tenait d’un parent, qu’il tenait d’un testament, qu’il tenait des lois ; vous lui enlevez des biens dont Heraclius lui avait abandonné de son vivant l’usage et la jouissance ; et cet héritage d’un parent mort quelque temps avant votre préture, personne ne l’avait contesté, personne même n’en avait parlé.

XIX. Mais je le veux : enlevez les successions aux familles pour les donner aux gymnases ; appropriez-vous les fortunes des individus au nom des villes ; foulez aux pieds les lois, les testamens, les volontés de ceux qui ne