sont plus, les droits des vivans : mais Heraclius avait un patrimoine ; fallait-il aussi l’en dépouiller ? Il prend la fuite, et aussitôt tous ses biens sont mis au pillage : avec quelle impudence, grands dieux ! avec quelle publicité ! avec quelle dureté ! Combien cette affaire ne parut-elle pas ruineuse pour Heraclius, profitable à Verrès, honteuse pour les Syracusains, déplorable à tous ? Car le premier soin du préteur fut de faire porter chez lui tout ce qu’il y avait de vaisselle d’argent : quant aux vases de Corinthe et aux tapis précieux, personne ne doutait que bientôt on serait forcé de les transporter chez lui, non seulement de la maison d’Heraclius, prise et emportée d’assaut, mais de toutes celles de la province. Cependant il prit tous les esclaves qu’il voulut, et distribua le reste. On fit une vente à l’encan, et son invincible cohorte l’emporta encore dans les enchères. Mais voici le plus curieux. Les Syracusains qui, en apparence, avaient été chargés de recueillir la succession d’Heraclius, mais en effet d’en faire part à d’autres, eurent à rendre leurs comptes devant le sénat : ils déclarèrent d’abord combien de couples de vases, combien d’urnes d’argent, combien de riches étoffes, combien d’esclaves précieux avaient été donnés à Verrès, et tous ces objets étaient en grand nombre ; puis, ce que chacun avait reçu d’espèces sonnantes par son ordre. Les Syracusains gémissaient, mais ils se contenaient. On cite un nouvel article portant une somme de deux cent cinquante mille sesterces(37) donnée d’un seul coup par l’ordre du préteur. Un cri général s’élève dans l’assemblée ; non-seulement les hommes honnêtes, non seulement ceux qui avaient toujours été indignés qu’au nom d’un peuple on dépouillât les particuliers, mais ceux qui avaient conseillé ce brigandage, ceux même qui
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