tant que vous êtes resté dans votre province ; il l’est encore aujourd’hui, quoique tous les autres vous aient abandonné. Vous n’en doutez pas, et nous pouvons le croire aisément. N’est-il pas assez prouvé que rien ne s’est fait à l’insu de Verrès, quand on voit que Volcatius ne lui a témoigné aucun ressentiment, et que Verrès, de son côté, n’a sévi ni contre Volcatius ni contre les Bidinins ? Cette preuve, toute péremptoire qu’elle est, n’est pas encore la plus décisive. Comment a-t-il traité ces Bidinins auxquels il devait tant en vouloir, pour avoir entrepris d’acheter de lui un décret contre Épicrate, qu’ils n’auraient pu poursuivre juridiquement, quand même il ne se fût pas évadé ? Ne leur adjugea-t-il pas non-seulement la succession échue à Épicrate, mais encore le patrimoine et toutes les propriétés de cet homme, comme il l’avait fait à l’égard du Syracusain Heraclius, mais avec plus d’atrocité encore dans cette circonstance, puisque Épicrate n’avait pas même reçu d’ajournement. C’était déclarer, ce qui ne s’était jamais vu, que toutes demandes contre des absens seraient accueillies par lui. Les Bidinins se présentent et réclament l’héritage. Les fondés de pouvoir d’Épicrate demandent que l’affaire soit renvoyée devant leurs juges naturels, ou que du moins on procède conformément à la loi Bupilia. Les demandeurs n’osaient s’y opposer : on ne trouvait aucun expédient. Enfin ils imaginent d’accuser Épicrate d’être parti pour frustrer ses créanciers ; ils requièrent en conséquence la mise en possession de ses biens. Épicrate ne devait pas un sou à qui que ce soit : ses amis déclaraient que si quelqu’un avait des réclamations à lui faire, ils consentaient à être eux mêmes poursuivis, et s’engageaient à fournir caution pour les condamnations qui seraient prononcées contre lui.
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