XXV. Comme le zèle de tous les tribunaux s’était refroidi, les adversaires, par le conseil de Verrès, accusèrent Épicrate d’avoir falsifié les registres publics, quoique jamais personne ne l’eût soupçonné d’un délit semblable. Ils demandèrent action contre lui sur ce grief. Ses amis s’opposent à ce qu’on lui intente un nouveau procès ; ils ne souffriront pas, disent, ils, qu’on profite de son absence pour attaquer sa réputation, et en même temps ils ne cessent de demander qu’il soit jugé d’après les lois de leur cité. Le préteur saisit cette belle occasion de faire triompher la calomnie ; et, voyant que c’était un procès que les amis d’Épicrate n’étaient nullement disposés à soutenir en l’absence de celui-ci, il déclare qu’il commencera par donner action sur ce nouvel incident. Il était clair que non-seulement la somme qu’il avait feint de relâcher était rentrée dans ses mains, mais qu’il avait touché depuis une somme encore plus considérable. Les amis d’Épicrate renoncèrent donc à le défendre, et le préteur mit les Bidinins en possession de l’héritage entier, pour en jouir en toute propriété. Outre les cinq cent mille sesterces de la succession, il leur adjugea un million cent mille sesterces, à quoi se montait originairement la fortune d’Épicrate. S’il est vrai que cette affaire ait commencé ainsi ; s’il est vrai qu’elle se soit ainsi terminée ; s’il est vrai qu’il s’agisse d’une somme si considérable, peut-on croire, d’après le caractère de Verrès, qu’il ait rendu gratuitement ce service ?
Apprenez maintenant, juges, tout le malheur des Siciliens. Le Syracusain Heraclius et le Bidinin Épicrate, chassés de toutes leurs propriétés, vinrent à Rome : vous les y avez vus pendant près de deux ans en habits de