cependant croyaient que Letilius n’avait été envoyé par Verrès que pour lui rappeler leurs liaisons d’intérêt, leur amitié, leur parenté. Des ce moment on vit Metellus demander aux cités d’honorables certificats, détourner les témoins par des menaces, et même employer la force pour les empêcher de partir. Et si, à mon arrivée, je n’eusse pas quelque peu réprimé ses efforts ; si, dans cette lutte, je n’avais pas opposé aux arrêtés de Metellus ceux de Glabrion(54) et la loi, je n’aurais pu emmener de Sicile un si grand nombre de témoins.
XXVII. Mais je reviens à ma proposition : connaissez toutes les misères des Siciliens. Heraclius et Épicrate étaient venus avec tous leurs amis, bien loin au devant de moi : quand je fus à Syracuse, ils me remercièrent, les larmes aux yeux, et me témoignèrent le désir de m’accompagner à Rome. Comme il me fallait encore parcourir beaucoup de villes, je leur donnai rendez-vous à Messine, et fixai le jour où ils devaient s’y trouver. Là, ils m’envoyèrent un courrier pour m’apprendre qu’ils étaient retenus par le préteur ; je les avais pourtant assignés en témoignage ; j’avais donné leurs noms à Metellus. Malgré leur désir extrême de venir et le ressentiment des criantes iniquités dont ils avaient été victimes, ils ne sont pas encore venus. Voilà comme on respecte les droits de nos alliés ; il ne leur est pas même permis de se plaindre de leurs souffrances.
Vous avez du moins entendu la déposition d’Heraclius de Centorbe, jeune homme plein de vertu et d’une naissance distinguée ; on lui avait, par une mauvaise chicane, demandé cent mille sesterces(55) qu’il ne devait pas. Verrès, à force d’amendes et de compromis entre les parties, vint à bout de tirer de cette affaire trois cent mille ses