été difficile de se justifier et de se faire absoudre. Les ennemis de Sopater lui intentèrent la même accusation devant Verrès, lorsque celui-ci eut remplacé Sacerdos. L’affaire parut toute simple à Sopater, et parce qu’il était innocent, et parce qu’il ne pensait pas que Verrès osât infirmer l’arrêt de son prédécesseur. L’accusé reçoit ordre de comparaître ; la cause se plaide à Syracuse. L’accusateur reproduit contre lui les mêmes griefs que non-seulement un plaidoyer, mais qu’un jugement antérieur avait détruits. Sopater avait pour représentant Q. Minucius, chevalier romain très-riche et très-considéré, et qui, juges, ne vous est pas inconnu. La cause n’offrait aucun sujet de crainte ; elle ne semblait pas douteuse : cependant un affranchi du préteur, Timarchide, dont il a fait un de ses huissiers, et qui, ainsi que vous l’ont dit plusieurs témoins dans la première action, est le négociateur et l’agent principal de toutes les affaires de cette espèce, vint trouver Sopater, l’avertit de ne pas trop se reposer sur la sentence de Sacerdos et sur la bonté de sa cause ; que ses accusateurs et ses ennemis se proposaient de donner de l’argent au préteur ; que le préteur aimerait mieux en recevoir pour l’absoudre ; qu’il aimerait mieux aussi, s’il était possible, ne point annuler le premier jugement. Sopater, qu’une démarche si subite, si peu attendue, avait entièrement déconcerté, ne sut dans le moment que répondre à Timarchide ; il dit seulement qu’il ferait ses réflexions, et ne dissimula point qu’il était très-à-court d’argent. Il consulte ensuite ses amis. Tous l’ayant engagé à racheter sa sûreté par un sacrifice, il va trouver Timarchide. Après lui avoir beaucoup parlé de la gêne où il se trouvait, il le fit consentir à le tenir quitte pour quatre-vingt mille sesterces(56), et il lui compta cette somme.
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