Bulbus, un Stalenus(63) ? A-t-on jamais vu, a-t-on jamais connu un pareil monstre, un pareil prodige de corruption ? Un homme qui, après avoir transigé avec l’accusé, traite avec l’accusateur ; qui éloigne des assesseurs intègres déjà instruits de la cause, et les renvoie du tribunal ; qui, seul, condamne un accusé absous par un premier arrêt, et dont il a reçu de l’argent qu’il ne rend pas ? Un tel homme, le mettrons-nous au nombre des juges ? prendra-t-il son rang comme juge dans l’une des décuries sénatoriales(64) ? prononcera-t-il sur l’existence des hommes libres ? lui confiera-t-on le bulletin judiciaire pour qu’il le marque non avec de la cire, mais, si bon lui semble, avec du sang ?
XXXIII. De tant d’iniquités, en est-il une dont il nie qu’il soit coupable ! Peut-être dira-t-il, et cette dénégation lui est nécessaire, qu’il n’a point reçu d’argent ; mais le chevalier romain qui a défendu Sopater, et qui l’a dirigé, accompagné dans toutes ses démarches, dépose sur la foi du serment qu’il y a eu de l’argent donné ; sur la foi du serment, il dépose que Timarchide lui a dit qu’une somme plus forte avait été donnée par les accusateurs. Tous les Siciliens diront la même chose, ainsi que tous les habitans d’Halicye. Il le dira aussi le jeune fils de Sopater, à qui cet homme impitoyable a ravi le plus vertueux des pères, et la fortune qu’il lui avait transmise. Mais, quand mes témoins ne prouveraient pas jusqu’à l’évidence que vous avez reçu de l’argent, pourriez-vous nier, nierez-vous en ce moment qu’après avoir congédié vos assesseurs, après avoir écarté des hommes de la première distinction, qui avaient été les assesseurs