naissiez la générosité et la clémence de P. Scipion (65). La ville d’Himère, une des plus belles et des plus riches de la Sicile, avait été prise par les Carthaginois. Scipion, persuadé qu’il était de la dignité du peuple romain qu’à la fin de la guerre notre victoire remît nos alliés en possession de ce qu’ils avaient perdu, fit restituer ce qu’il put à tous les Siciliens, après la prise de Carthage. Himère avait été détruite ; ceux des habitans que le fer du vainqueur avait épargnés, s’étaient établis à Thermes, ville située sur les confins de leur territoire, à peu de distance de leur ancienne ville. Ils crurent recouvrer la fortune et la gloire de leurs ancêtres, en voyant replacer dans leur patrie adoptive, les monumens de leurs aïeux. Il s’y trouvait plusieurs statues d’airain parmi lesquelles on distinguait, pour son admirable beauté, l’image même d’Himère, sous les traits et le costume d’une femme portant le nom de la ville et du fleuve. On voyait aussi la statue du poète Stésichore, dans l’attitude d’un vieillard courbé tenant un livre à la main : c’était un chef-d’œuvre ; et, d’ailleurs, Stésichore était d’Himère (66) : mais, grâce à son génie, il appartenait et il appartient encore à toute la Grèce par la gloire attachée à son nom. Verrès était épris de la plus vive passion pour ces morceaux précieux. Là se trouvait encore, je l’avais presque oublié, une chèvre si merveilleusement figurée que nous pourrions en sentir le mérite, tout ignorans que nous sommes en ces sortes de choses, tant le ciseau de l’artiste fut habile et gracieux (67) ! Ces statues et d’autres encore, Scipion ne les avait point laissées à l’abandon pour qu’un amateur éclairé comme Verrès pût enfin les emporter, et il les avait rendues aux Thermitains. Ce n’est pas qu’il n’eût aussi quelques jardins, quelque maison de campagne, enfin un endroit quelconque où
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