Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/389

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comparaître à la neuvième heure (69). L’intention de cet odieux scélérat n’était pas ignorée ; lui-même ne l’avait pas cachée ; Callidama était femme, comment aurait-elle pu se taire ? On savait que toutes ses mesures étaient prises pour que Sthenius fût condamné sans preuves et sans témoins, et pour que l’accusé, malgré la noblesse de sa naissance, malgré son âge, malgré l’hospitalité qui l’unissait à Verrès, fût battu de verges avec la dernière cruauté. La chose était évidente, les amis et les hôtes de Sthenius lui conseillèrent de se sauver ; il s’enfuit à Rome, aimant mieux affronter l’hiver et les flots que de demeurer exposé à la tempête qui allait fondre sur toute la Sicile, comme un fléau dévastateur.

XXXVIII. Verrès était un homme exact et ponctuel. A la huitième heure on le vit sur son tribunal. Il fait appeler Sthenius ; voyant que celui-ci ne comparaît pas, le dépit l’enflamme, la rage le transporte ; il envoie à la maison de Sthenius des esclaves de Vénus ; tandis que, par ses ordres, des cavaliers courent le chercher dans ses terres et ses maisons de campagne. Pour lui, il attend qu’on lui rapporte des nouvelles certaines. Ce n’est qu’à la troisième heure de la nuit (70) qu’enfin il se retire. Le lendemain, il revient de grand matin ; il mande Agathinus, et lui ordonne de plaider contre Sthenius absent, sur la falsification des registres publics. Procès étrange où l’accusateur ne savait que dire, en l’absence de l’accusé, devant un juge ennemi déclaré de son adversaire ! Agathinus se contenta de mettre en avant que, sous la préture de Sacerdos, Sthenius avait falsifié les registres publics. A peine a-t-il proféré ce mot, que le préteur prononce que Sthenius était convaincu (71) d’avoir falsifié les registres publics ; et tout aussitôt, en adorateur