de ses amis et de sa famille sur le même sujet.
XL. Mais cet homme qui, pour satisfaire sa passion, a toujours compté pour rien le devoir, sa propre sûreté, la piété filiale, l’humanité, ne pensa pas que, dans cette circonstance, l’autorité et les représentations de son père, ni son désir et ses prières, dussent prévaloir sur la fureur qui le possédait. Dès le matin des kalendes de décembre, aux termes de son édit, il fit appeler la cause de Sthenius. Si l’auteur de vos jours, Verrès, vous eût sollicité à la prière d’un ami, par obligeance, et pour lui assurer des suffrages, la recommandation paternelle aurait dû être toute-puissante auprès de vous : mais c’était pour votre propre sûreté qu’il vous sollicitait ; il vous avait envoyé de Rome des hommes de confiance ; ces hommes étaient arrivés avant que l’affaire fût commencée ; et votre intérêt personnel, car je ne parle point ici de piété filiale, l’intérêt même de votre sûreté, n’a pu vous ramener ni à votre devoir ni à la raison ! Verrès donc appelle l’accusé. Sthenius ne répondant pas, il appelle l’accusateur. Ici, remarquez, je vous prie, juges, combien la fortune elle-même se déclara contre sa démence, et quel heureux hasard favorisa Sthenius ! L’accusateur M. Pacilius, étant appelé par le préteur, ne répondit point, ne se présenta point. Pourquoi ? Je l’ignore. Mais enfin il ne comparut point. Quand même l’accusé Sthenius eût été présent, quand il eût été prévenu d’un délit notoire, l’accusateur étant absent, on n’aurait pas dû condamner Sthenius. Car, si l’on pouvait condamner un accusé en l’absence de l’accusateur, je ne serais pas venu de Vibon à Vélie dans une misérable barque, au milieu des esclaves fugitifs, des pirates et des assassins que vous aviez armés contre moi. Et, si j’ai fait alors tant de diligence au risque de ma vie, c’était pour que vous ne fussiez pas rayé de la